K-KONTAKT 1
Exposition entre galerie, rue, parcs et jardins, K-Kontakt est une exposition itinérante qui va de la galerie vers le public pour le contaminer d’art et de culture.
27 MAI > 15 JUILLET 2021
FORCHINO
Maria COSATTO
Viviana MENDEZ MOYA
Elle joue du dedans/dehors, entre l’espace privé, la galerie ON-OFF Studio-Paris 17, et l’espace public irriguant culturellement le quartier.
Les œuvres partent de la galerie tractées par les artistes pour suivre deux trajectoires prévues : l’une vers le Parc Martin Luther King l’autre, vers le square Ernest Gouin. Avant la fermeture des espaces publics, elles prennent le chemin de retour et arrivées à la galerie, elles « posent » proches et éclairées jusqu’à minuit, pour faire profiter les passants de la rue de ce portrait de famille.
L’exposition réunit les artistes FORCHINO, Viviana MENDEZ MOYA et Maria COSATTO ; leurs œuvres sont un miroir grossissant des questions qui nous hantent : l’écologie, les rapports de genre, les privations d’un quotidien bouleversé et bouleversant. L’intervention urbaine compte aussi sur la performance HABITHAUT, un collectif de jeunes dirigés par Viviana MENDEZ MOYA qui travaillent autour des récits et de la manipulation de vêtements usagés.
L’exposition fait partie de la Semaine de l’Amérique Latine et des Caraïbes organisée par le Ministère des Affaires Etrangères et de l’Europe.
La Ressourcerie des Batignolles est notre partenaire.
LES OEUVRES :
FORCHINO
« Celsius », 2020
« Glyphosate », 2021
« Quo vadis, Covix ? », 2021
Maria COSATTO
« Déjeuner sur l’herbe », 2021, Dyptique
Viviana MENDEZ MOYA
« Découdre des patrons 2 », 2021
Déjeuner sur l’herbe
Maria COSATTO
Déjeuner sur l’herbe (2021) s’inscrit dans la première édition de K-Kontakt, un projet qui fait du déplacement une stratégie artistique et sociale : aller à la rencontre du public pour le « contaminer » d’art et de culture, introduire des œuvres itinérantes dans l’espace urbain pour faire d’eux des lieux où les liens sociaux se développent.
Déjeuner sur l’herbe est un diptyque qui revisite le tableau de Manet en transposant sa transgression dans un contexte post-Covid, où le monde de l’art avec ses musées et celui des cafés-restaurants , lieux de sociabilité par excellence, se sont retrouvés mis sous cloche. L’empilement des chaises, formant un piédestal de fortune, évoque les terrasses inaccessibles et les rassemblements empêchés. Sur son son sommet, une nappe traînante, peinte du motif de la nature morte du mythique tableau, prolonge cette absence en un drapé mélancolique, presque cérémoniel.
Face à cette colonne, une table de bar son plateau recouvert de gazon, accueille « femme à scandale », figure femenino inspirée du tableau de Manet. Assise sur l’herbe – littéralement –, elle est voilée d’une nappe Vichy, motif populaire et familier, qui devient ici un masque, une couverture, une frontière entre l’intime et le public. Ce geste interroge à la fois la dissimulation, l’assignation et la résurgence des tabous.
Dans un monde qui a vu ses espaces de rencontre suspendus et son rapport au corps redéfini, Déjeuner sur l’herbe ne se contente pas de rejouer une iconographie célèbre : il interroge ce qui, dans nos pratiques collectives, fait art et fait société.
Ce diptyque renforce la tension entre nature et artifice, entre l’intérieur figé du confinement et l’extérieur retrouvé. Là où la première sculpture empilait l’absence (chaises inoccupées, table fantôme), la seconde réintroduit un corps, un ancrage physique dans un espace vivant.
La femme nue de Manet, autrefois controversée, devient ici une présence réelle, incarnée sur un plateau de bar métamorphosé en fragment de paysage. C’est une bascule : l’espace social du café devient sol fertile, la table n’est plus un lieu de consommation mais un terrain d’expérimentation.
Ici, la figure féminine assume cette rupture tout en portant un fragment du café disparu. Elle est à la fois survivante et réinvention du monde d’avant.
En réinterprétant le célèbre tableau de Manet, cette œuvre contemporaine tisse un lien entre le passé artistique et les réalités actuelles. Elle invite à réfléchir sur la manière dont les espaces publics, peuvent être réimaginés pour renouer avec l’art et la culture dans un monde post-pandémique. Ainsi, elle questionne notre rapport aux lieux de sociabilité et la place de l’art dans la reconstruction du tissu social.